Au paradis des chats
Oui, elle avait un sale caractère notre vieille chatte Gribouille. Un caractère de chien.
Elle n'aimait pas les intrusions trop brusques dans son univers, les visiteurs inconnus qui essayaient de la caresser tout de suite. Elle n'aimait pas non plus les enfants trop bruyants. Il fallait souvent l'ignorer, la laisser prendre son temps, gagner sa confiance avant de pouvoir la toucher sans risque. Il nous fallait souvent mettre en garde les imprudents, les impatients : "Attention, elle est un peu sauvage, elle rique de vous griffer !"
On n'aimait pas non plus qu'elle nous réveille le dimanche matin de bonne heure pour réclamer à manger, ni qu'elle nous lacère la poitrine en enfonçant ses griffes lorsqu'elle était contente de nous retrouver. Vieille réminiscence, paraît-il, de sa vie de chaton non sevré pour activer la lactation de sa mère.
Mais sa présence dans notre maison était une évidence depuis longtemps, elle faisait partie de notre famille. J'aimais son sale caractère. C'était notre animal de compagnie, notre "Ti Boubouille", notre "Gribouillon", notre "Gribouillette". Je vivais avec elle depuis 15 ans. Elle dormait la nuit avec Miss Surunfil qui l'appelait, elle, "Petite Mimite" et qui en faisait à peu près ce qu'elle voulait.
Gribouille est morte ce matin. Elle n'a pas survécu à une insuffisance rénale, accrue vraissemblablement par le stress du déménagement. Après deux jours sous perfusion à la clinique vétérinaire, on s'attendait au pire, c'est vrai.
Mais le pire aujourd'hui, c'est de consoler une petite fille de 5 ans et demi très affectée par la mort de son chat.