L'atelier
Il faut imaginer une pièce à l'étage dans la maison, juste sous la pente du toit, une pièce qui pourrait être un grenier si elle n'était pas aussi lumineuse ou bien une chambre de petite fille sage avec ses murs blancs et son unique mur mauve. Mais c'est un atelier et, accessoirement, une salle de jeux pour Miss Surunfil qui y a quelques jouets dans un coin.
C'était surtout une pièce surchargée, encombrée, désordonnée, remplie de souvenirs et d'objets que je n'avais pas encore pris le temps de trier depuis notre déménagement de l'été dernier, une espèce de débarras dont je fermais la porte à clé, ma honte, ma très grande honte. Ma hantise. Un chantier monumental, l'Everest presque, tellement il m'a fallu de courage et de persévérance, encore et encore, pour affronter carton après carton ce que je rechignais tant à faire : fouiner dans mes souvenirs, plonger dans cet amas de choses disparates stockées depuis des années "au cas où", réaliser avec effroi combien je suis une abominable conservatrice de breloques aussi farfelues qu'inutiles, trier, organiser, me délester enfin de tous ces vieux trucs qui collent à la peau, jeter, oser jeter encore, faire du vide, faire place nette, pour respirer et rendre la vie plus jolie. Et se sentir beaucoup plus légère... et fière. TRES fière.